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Edito : le défi posé par CNews

Praud et Zemmour

CNews et ses soutiens ont tenté de politiser la décision du Conseil d’État qui a demandé à l’Arcom de réexaminer sous 6 mois la demande de mise en demeure à l’encontre de CNews, formulée par Reporters sans frontières, en tenant compte de certaines précisions. Celles-ci portent sur la prise en compte de l’ensemble des participants aux programmes diffusés, y compris les chroniqueurs, animateurs et invités, et pas uniquement le temps d’intervention des personnalités politiques.

En effet, la chaîne du groupe Bolloré a trouvé la parade pour s’engager politiquement via des chroniqueurs, animateurs et invités dont l’orientation politique est souvent à la droite de la droite. D’ailleurs, le meilleur exemple est celui d’Eric Zemmour qui bénéficiait avant 2022 d’une émission quotidienne avant de s’engager dans la présidentielle et de fonder Reconquête. Aussi, les invités supposés être de gauche comme Manuel Valls ou Julien Dray, sont ceux qui sont farouchement opposés à la direction actuelle du PS.

Par ailleurs, des animateurs comme Sonia Mabrouk ou Pascal Praud, martèlent des messages politiques clairs dans leurs émissions. Ainsi, sur la base d’une fréquence quasi-quotidienne, Pascal Praud critique sévèrement les maires et les responsables de gauche tout en dénigrant le bilan des socialistes depuis 1981 en leur attribuant la faillite présumée de la France. De même, les invités de gauche de l’heure des pros, sont souvent mis en minorité avec la présence de 5 autres intervenants de droite et d’extrême-droite. 

Ainsi, si pour certains libéraux, la philosophie d’une chaîne privée ne peut concerner que ses actionnaires, il est légitime de pointer le danger de la confusion entre l’information et l’opinion. Il en est de même pour le manque d’équité entre certains concurrents politiques dont certains sont omniprésents dans la chaîne comme Julien Odoul, Laurent Jacobelli et surtout Robert Ménard.

Aussi, pour rappel, c’est en 2017 que la chaîne d'information de Canal+ a terminé sa mue voulue par Bolloré en arborant le nom de CNews à la place de celui de I-Télé. Ainsi, depuis cette date CNews a cherché à digérer la longue grève vécue en 2016, en parallèle à la recherche de l'équilibre opérationnel. Pour se faire, la chaîne a misé sur les plateaux d'analyse ainsi que sur un glissement vers un positionnement à la Fox News.

En conclusion, en se basant sur les normes actuelles, CNews a créé un précédent en roulant clairement pour un courant politique malgré son statut de chaîne d’information. Ainsi, le ni-ni n’est plus soutenable avec l’alternative entre une mise en conformité de CNews ou l’amendement de la loi pour permettre aux chaînes d’information de passer outre la pluralité en assumant un positionnement politique.