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Edito : un siècle de Frères musulmans

Ilhan Omar

Depuis près d’un siècle, les Frères musulmans ont été tantôt hégémoniques associés au pouvoir dans des pays arabes, tantôt bannis et pourchassés. En France, la problématique posée par les fréristes semble monter en puissance, notamment depuis le développement des thématiques du séparatisme et du grand remplacement.

L’organisation des Frères musulmans a été créée en Egypte par l’instituteur, Hassan El Banna, en 1928. Le but fédérateur était celui de garder l’islam dans la société égyptienne après la chute de l’empire ottoman remplacé par l’empire britannique. Par la suite, la branche égyptienne essaimera dans le monde musulman avec de multitudes de branches unies dans la doctrine à défaut de liens organisationnels formels.

La force des Frères musulmans s’explique par une doctrine simple pour le petit peuple, étant résumée par « L’Islam est la solution». Ainsi, selon les théoriciens du mouvement, la décadence des musulmans est due à leur abandon des valeurs originelles de l’Islam et le mimétisme des valeurs « matérialistes » de l’occident. La solution se trouve bien entendu par une réislamisation de la société grâce au travail pédagogique des élites.

Toutefois, ce siècle du mouvement sera une longue série de violence, de contradictions et de dialogue avec les autorités, notamment en Egypte. Ainsi, les Frères musulmans ont soutenu les officiers libres en 1952 avant une rupture en 1954 qui aboutira à une longue lutte dont le point marquant est la pendaison de Sayid Qotb (nouvel idéologue des frères musulmans) en 1966. En outre, curieusement, en Egypte, c’est le Nasserisme qui offrira indirectement une source de survie pour les Frères musulmans grâce au soutien discret des Etats-Unis soucieux de contrer ce courant assimilé au communisme. 

Aussi, en Palestine, l’ambivalence du mouvement tiraillé entre l’action militaire et l’action politique finira par accoucher dans les années 80 du Hamas et du Jihad Islamique. De même, la renaissance économique de la Turquie qui a coïncidé avec un gouvernement AKP (proche des frères musulmans) a redonné un stimulus à cette internationale islamiste qui a bénéficié également du printemps arabe même si son action a finalement échoué notamment en Egypte et en Syrie.